vendredi, novembre 17, 2006

à l'affut....Au MAZET de MONTAUSSET

Encore un endroit où j'aime bien de promener : C'est au petit bois de "Montausset".
C'est là,dans un fossé, derrière ce "mazet"que j'accompagnais mon père à l'affut aux "toudres"
Si le fait d'aller à la chasse peut paraître banal pour un enfant de la campagne, il faut se replonger dans le temps car cette histoire se passe tout de suite après la "libération" alors que la France est encore occuppée et que les tickets de pain et les restrictions sont encore bien présents.
Les autorités ayant rendu les armes ( confisquées par les Allemands) aux chasseurs, mon père avait donc décidé de se remettre à chasser afin d'améliorer notre ordinaire. Le problème était que si les armes avaient été restituées, les munitions elles, restaient introuvables. Du coup avec la complicité d'un ami chasseur, en récupérant les vieilles douilles, le soir à la veillée ils fabriquaient de nouvelles cartouches : l'amorce fabriquée avec de la "martinique" dissoute dans de l'eau de vie, la poudre avec un mélange de salpètre de chlorate de soude et de l"écorce de pin pilée; pour les plombs c'était un morceau de tuyau fondu dans une casserolle passé sur un carton troué.....et coupés à la pince.
Une dizaine de cartouches prêtes et le lendemain on "montait" à Montausset.
Mon père me prenait à l'affut, car avec ces munitions de fortune, au coup de fusil un nuage de fumée empêchait de voir si l'oiseau était mort et où il tombait. Du coup j'avais pour mission de regarder, d'écouter et d'aller vite le ramasser car il était rarement mortellement touché. Du reste souvent ces cartouches "foiraient" et paradoxalement c'était lorsqu'il tirait une belle grive ou un merle, par contre lorsqu'il s'agissait d'un geai , d'une pie ou d'une corneille l'oiseau tombait raide mort.
Du coup, quand le soir nous rentrions contents, avec une paire de "margots"ma mère s'empressait de les préparer....car nous ne mangions pas de la viande souvent et même le chat se précipitait pour profiter des maigres restes !
Un jour, alors que nous allions quitter l'affut...bredouille, se présente assez loin, en haut d'un grand arbre, un gros oiseau inconnu. Mon père hésite car gaspiller une cartouche à cette distance...et puis tant pis il lache son coup gauche et on entend un grand bruit dans le buisson au bas de l'arbre. C'était une buse.
Heureux nous rentrons à la maison avec notre gros oiseau pensant que cela fera un bon civet. En voyant ce gros bec crochu ma mère commence à faire la grimace et dire mais cet oiseau ne doit manger que des cadavres, mais devant l'insistance de mon père ( ne sommes -nous pas en pleines restrictions?) se décide de le préparer et c'est alors que le chat toujours prêt à venir voler quelques morceaux se pointe sur la table, s'approche du plat, flaire la viande d'un air dédaigneux.....et retourne se coucher.
Bien entendu ma mère leva les bras au ciel, elle avait cuisiné pour rien et du coup seul mon père eut droit à manger (avec appréhension cependant) ce civet...et il ne fut pas malade. Posted by Picasa

1 commentaire:

Anonyme a dit…

mon beau pere et mon oncle etait souvent dans le mazet a l'affut mais au coin du poile pour se chauffer